QUIPROCOSMOS de Céline Bernard

QUIPROCOSMOS

Dystopie humoristique pour adolescents

Si on vous proposait de mettre vos enfants dans un établissement où le seul lien avec les autres était l'écran... Etrange, diriez-vous, le monde marche vraiment sur la tête... C'est pourtant ce qui arrive à Chloé, une jeune fille de 13 ans, qui se retrouve placée dans un institut destiné à la rééduquer aux bonnes pratiques d’Internet... grâce un usage immodéré des écrans et des moyens de communication qu'offrent les nouvelles technologies.

Mais que se passe t-il derrière les écrans ?

Et dans quel monde a-t-on atterri ?

Un univers de science-fiction ou simplement le monde d'aujourd'hui ?

Dans ce spectacle, c'est un principe brechtien qui fait résonner l'écriture de Céline Bernard. L'alternance des modalités de jeux, de l'improvisation à l'écriture de plateau, les moments chantés et l'adresse au public permettront de questionner le présent. Révéler le caractère unique de la représentation et rendre le public acteur de ce moment seront les maîtres-mots de ce travail.

L'espace est un terrain de jeu pour les interprètes. Il est mobile et permet de soutenir les diverses transformations des interprètes.

C'est d'abord un plateau de jeu, inspiré d'un échiquier et permettant l'improvisation pour questionner le présent, l'inconfort et l'inattendu.

Des panneaux permettent d'agrandir ou de resserrer l'espace pour créer l'enfermement, l'isolement dans les cellules et, au-delà, devant un écran.

Il s'adapte à l'histoire et raconte des lieux. Symbolise l'intérieur et l'extérieur, le virtuel comme le réel.

L'espace offre de multiples possibilités pour laisser apparaître l'émotion et l'interrogation.

LE PROJET  PÉDAGOGIQUE

Quiprocosmos est une comédie contemporaine pour les adolescents sur le thème plus que sensible de leur rapport aux réseaux sociaux. Les adolescents cultivent leur passion pour Internet et sur la toile, ils jouent avec les images qui les représentent, parfois fantaisistes, en testent la validité auprès des autres internautes. Ils posent ainsi inlassablement les mêmes questions, propres aux adolescents de toutes les époques, “Qui suis-je ?“, “Est-ce qu’on m’aime ?“

Ces pratiques des nouvelles technologies dessinent de nouvelles manières de se percevoir soi-même, de percevoir les autres et d’être ensemble. Elles complexifient les processus d’individuation et de socialisation. Les images de soi se démultiplient. La frontière entre le virtuel et le réel devient incertaine.

Comme les contes qui proposent de s’identifier à des héros aux pouvoirs magiques, Internet permet de s’affranchir des contingences de la réalité et de se construire des vies rêvées. Pour ne pas devenir le jouet de ses sortilèges ou s’en libérer, le chemin est ardu. C'est pourquoi un accompagnement est nécessaire. Mettre des mots, échanger, faire tomber dans le réel cette expérience vécue dans l'individualité d'une connexion, et surtout, comme c'est l'habitude dans le fonctionnement du net, éviter le communautarisme. Les adultes croisent rarement les adolescents sur la toile, et en général, on discute avec des gens qui nous ressemblent. Le spectacle peut permettre un soutien pour éduquer ces jeunes personnes à la pratique d'internet.

S’il peut s’agir d’alerter, de dénoncer, il ne s’agit bien sûr en aucun cas d’adopter un discours moralisateur. Je souhaite que les adolescents puissent interroger leur rapport à Internet et aux réseaux sociaux, mettre à distance leurs pratiques. Pour ce faire, l’humour sera notre allié. Un humour qui convoque l’intelligence, invite à la remise en question, l’autodérision. Les adolescents que j’accompagne dans leur pratique théâtrale disent leur goût pour la comédie et le rire.
Le spectacle est fait sur des quiproquos. Le public voit les situations se faire et se défaire. Il est de connivence avec les comédiens.

Le spectacle se décline sous deux formes. Une version pour les théâtres et une version plus légère dans ces besoins techniques pour jouer dans les établissements scolaires. La forme tout terrain met à l'honneur l'art du théâtre. Raconter, jouer dans une forme légère pour donner une vraie force aux mots et au jeu. Une œuvre adaptée à toutes sortes de lieux pour faire le premier pas vers les publics et inventer une autre façon d'être artiste et une autre façon d'être public.

Au fur et à mesure de mon parcours de comédienne, de metteuse en scène et de formatrice, je ne cesse d’interroger le rapport qu’entretient la création avec différents publics, rencontrés au fil des projets.

La pertinence de la représentation théâtrale, pour qu’elle touche un public aussi large que possible, s’étaye sur une exigence artistique qui interroge nécessairement le contexte de la création et le choix des partenaires qui y prennent part.

Ainsi, Quiprocosmos est un projet qui nait à la croisée des chemins que je sillonne et creuse depuis des années avec différents partenaires.

Mon travail auprès des élèves des horaires aménagés, en tant qu’enseignante du Conservatoire de Colmar m’a permis de cerner certaines problématiques liées à l’adolescence, et certains désirs exprimés par une jeunesse en recherche de repère, de reconnaissance et dont l’imaginaire ne demande qu’à être sollicité.

Ma démarche pédagogique et artistique au Collège Molière développée depuis 7 années trouve ainsi dans le projet d'un théâtre itinérant et d’actions artistiques un ancrage particulièrement pertinent. Cette formule mobile favorise  la proximité entre les jeunes gens et l'équipe professionnelle, elle donne du sens à la pratique et éveil l'intérêt pour l’écriture théâtrale contemporaine.

Cet ancrage dans les établissement scolaires permet une cohérence d’accompagnement des élèves par l’implication des équipes enseignantes ; pouvant se saisir des thématiques du spectacle, elles auront la possibilité d’articuler leurs enseignements dans un contexte créatif, donnant ainsi aux élèves une ouverture ludique et néanmoins profonde sur l’apprentissage.

MARION GRANDJEAN